CLUB D'ASTRONOMIE DE TOUSSAINT

Joli moment dans la soirée du mercredi 16 avril. Dans l'après-midi, une alerte aurorale avait été lancée, relayée par Bertrand, l'un des adhérents du club d'astronomie puis confirmée par l'application My Aurora Forecast. Branle-bas de combat, donc, en scrutant l'évolution de la tempête géomagnétique en cours sur le site internet spaceweather et son impact sur la France. Au fil des heures, des aurores boréales étaient signalées bien évidemment en Scandinavie mais également de plus en plus au sud : dans la banlieue londonienne, à Mayence en Allemagne, puis à Argenteuil. Une grosse barre nuageuse couvrait tout l'est de la France mais l'ouest de la Normandie était encore épargné

Capture d'écran de l'animation produite par le satellite météo sat24

J'ai donc pris la décision d'aller planter mon trépied photo sur la plaine de Beauvais, derrière la salle des fêtes de l'Epinay, à Toussaint. L'indice Kp du flux de protons émis par le Soleil faisait le yoyo, jouant avec nos nerfs : 7,53 vers 17 h 45, ouaiiis. Chute à 5,67 à 18 h, bouuuhh. Prévision de remontée à 6,67 pour 23 h, mouaiiis. Dès 21 h 35, çà re-grimpe à 6,67, çà commence à sentir bon. Pour avoir une chance de voir quelque chose, il faut que l'indice fourni par Spaceweather et My Aurora Forecast passe la barre de 7. C'est ce qui s'est produit à partir de 22 h 20, pour atteindre finalement la valeur de 7,67 à 23 h 18 (barre rouge dans le graphique ci-dessous).

Capture d'écran du site Spaceweather.com

J'ai mitraillé à tout va avec mon APN Nikon qui, en ayant la main bien lourde sur la sensibilité de l'appareil, a commencé à montrer à 16 000 ISO une coloration rosâtre du ciel sous la constellation de Cassiopée. A 22 h 59, un premier pilier lumineux montant vers le ciel est clairement apparu sur mes photos, bien que partiellement masqué par les nuages qui couvraient l'horizon à l'Est.

22 h 56 / Photo Ph. Ledoux / ASCT-astronomie / pose de 10" à 1600 ISO, Nikon 850D, objectif photo 24 mm ouvert à 4

Plusieurs autres piliers sont ensuite apparus progressivement sur les poses photos : 2 puis 5, puis 7, puis jusqu'à 15 piliers violacés.

23 h 10 / Photo Ph. Ledoux / ASCT-astronomie / pose de 10" à 1600 ISO, Nikon 850D, objectif photo 24 mm ouvert à 4
La base des nuages est éclairée par la pollution lumineuse produite par la commune de Saint Pierre-en-Port

A 23 h 05, le principal pilier de l'aurore boréale est devenu visible à l'oeil nu pendant environ 3 minutes.

23 h 08 / Photo Ph. Ledoux / ASCT-astronomie / pose de 10" à 1600 ISO, Nikon 850D, objectif photo 24 mm ouvert à 4

Un peu partout dans la moitié Ouest de la France, des observateurs ont pu voir et photographier cette aurore

Capture d'écran de l'application My Aurora Forecast

En particulier, Frédéric Michaud, de la société astronomique du Havre, a réussi une très jolie photo depuis le phare du cap d'Antifer ainsi qu'un time-lapse depuis le même endroit qui montre bien la relative brièveté de cette aurore boréale. On y voit bien comment, à partir de 23 h 15, l'aurore s'est calmée, les piliers ont commencé à s'évanouir

23 h 14 / Photo Ph. Ledoux / ASCT-astronomie / pose de 10" à 1600 ISO, Nikon 850D, objectif photo 24 mm ouvert à 4

Rapidement, il n'est plus resté dans le ciel qu'une couleur parme au-dessus de l'horizon nord, sans aucun pilier visible, pendant que l'indice Kp retombait à 7,33 puis à 4,67 seulement à minuit.

23 h 30 / Photo Ph. Ledoux / ASCT-astronomie / pose de 10" à 1600 ISO, Nikon 850D, objectif photo 24 mm ouvert à 4

L'aurore polaire de ce 16 avril 2025 était finie, presque un an après l'énorme aurore de mai 2024. Reste un bien joli souvenir ainsi que le time-lapse ci-dessous, confectionné avec amour et Photoshop, à partir de nos photos de cette soirée mémorable